Le secteur du pétrole et du gaz s’éloigne de plus en plus des objectifs climatiques

Les ambitions climatiques des grandes entreprises pétrolières et gazières telles que Shell, BP, ExxonMobil et TotalEnergies se détériorent, affirme le groupe de réflexion Carbon Tracker. En conséquence, les plans futurs des principaux acteurs du secteur sont désormais encore moins conformes à l’Accord de Paris sur le climat qu’auparavant, conclut l’organisation à but non lucratif dans une analyse.
« Les entreprises qui développent leur production de pétrole et de gaz font effectivement le pari que le monde n’atteindra pas les objectifs climatiques de Paris », affirment les auteurs du rapport. Ils soulignent que les entreprises ont, les unes après les autres, minimisé leurs ambitions en matière de climat. Cela s’est produit en partie dans le sillage de la victoire électorale de Donald Trump aux États-Unis. Sous le slogan « drill baby, drill », il a annoncé un régime plus souple pour l’extraction des combustibles fossiles.
Ce n’est pas le seul facteur d’intérêt. Carbon Tracker souligne que la guerre de la Russie contre l’Ukraine a également un impact négatif sur l’impact climatique du secteur. Par exemple, des entreprises comme Shell consacrent davantage d’efforts au gaz naturel liquéfié (GNL), car la demande est beaucoup plus forte en Europe depuis que les importations de gaz en provenance de Russie ont chuté. BP a récemment revu à la baisse les objectifs de développement durable qu’elle s’était fixés. Cela lui vaut désormais la note « F », alors que les mêmes chercheurs lui attribuaient auparavant la note « D ».
Shell a également obtenu un « F », sur une échelle où « A » est la note la plus favorable au climat et « H » la moins favorable. Quatre entreprises ont reçu la note la plus basse, dont la société américaine ConocoPhillips. La compagnie pétrolière et gazière espagnole Repsol est la seule à avoir obtenu un D. Aucune entreprise n’a obtenu une note supérieure.
Contre la limite convenue
Les projets que les compagnies pétrolières et gazières souhaitent encore lancer sont plus susceptibles d’être en phase avec un réchauffement de 1,7 à 2,4 degrés d’ici la fin du siècle, plutôt qu’avec la limite de 1,5 degré par rapport à l’ère préindustrielle convenue au niveau international, selon Carbon Tracker. Dans l’accord de Paris sur le climat, les dirigeants ont convenu fin 2015 de maintenir l’augmentation de la température mondiale « bien en dessous de 2 degrés » et de préférence en dessous de 1,5 degré. Lors des derniers sommets sur le climat, tous les pays ont reconnu que les conséquences du changement climatique devenaient beaucoup plus importantes et profondes si l’on dépassait les 1,5 degré.
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